Voici ce qui arriva en
l'église de St Maron à Détroit, le jour du Vendredi Saint, durant le Carême
2004 : pendant que je fixais l'image de St Maron, je repensais aux centaines de milliers de
Maronites éparpillés dans le monde entier. C'est ce jour-là précisément que je
pensais au repas du Taoditho, qui
réunirait la famille maronite ensemble, enseignant à la nouvelle génération
l'histoire de leurs ancêtres Maronites , pour leur permettre d'en tirer des
leçons.
Taoditho est le
terme Syriaque qui signifie action de grâce. Le repas maronite du Taoditho est un repas d'action de grâce,
au cours duquel nous nous rappelons notre histoire depuis ses origines jusqu'à
nos jours. L'histoire entière des Maronites peut-être divisée en trois parties, dans chacune d'elles, nous nous souvenons des moments difficiles vécus par
nos ancêtres, ainsi que les moments de prospérité de notre histoire.
Au cours du repas, tout
rempli de symboles (basés sur l'histoire des Maronites et sur les repas de la
Cène et de la Pâques), la famille maronite peut alors expérimenter ce que leurs
ancêtres ont dû endurer pour préserver leur Foi, leur Liberté, et leur
Indépendance, et comment Dieu peut à partir du mal, tirer du bien. Ils peuvent
comprendre la souffrance de leurs ancêtres et leur joie à travers leurs
cinq sens (l'odorat, le goût, la vue, et le toucher) et des symboles
(les roses, les branches d'olivier…)
Sur votre table du Taoditho,
vous disposerez des bougies, du pain, du vin, de l'eau salée, du raifort,
des fruits, des roses, une Bible, des branches d'olivier, et des serviettes.
Avant le commencement du repas, il est indispensable d'expliquer la signification de
l'eau salée, du raifort, des fruits, du pain, et du vin dans chacun des divers
repas : le repas Juif du Séder, le repas de la Cène, le
banquet de la Messe, et dans notre repas du Taoditho.
Nous traiterons également l'importance du rôle de la femme et celle du
plat principal.
L'eau salée
Dans le repas du Séder, la famille Juive utilise de
l'eau salée pour se rappeler les larmes versées par leurs ancêtres quand ils
furent captifs et esclaves en Egypte.
Au repas de la Cène, Jésus et ses
disciples auraient utilisé de l'eau salée pour se souvenir des larmes versées
par le Peuple de Dieu en Egypte.
Au cours de la Messe, nous nous
rappelons les larmes versées au temps où nous vivions esclaves du péché.
Dans le
repas du Taoditho, nous trempons le
pain dans l'eau salée pour nous rappeler les larmes versées par nos ancêtres
quand ils ont dû quitter leur terres en Syrie et au Liban.
Le Raifort
Dans le
repas du Séder, la famille Juive utilise des herbes amères (raifort)
pour se rappeler l'amertume de leurs ancêtres, alors esclaves en Egypte.
Au cours de la Cène, Jésus a trempé
du pain dans la sauce d'herbes amères et l'a donné à Judas l'Iscariote pour
qu'il puisse goûter l'amertume de sa trahison.
Au cours de la Messe, nous nous
rappelons l'amertume que nous avons connue lorsque nous vivions esclaves du
péché.
Dans le
repas du Taoditho, nous nous
rappelons l'amertume que connurent nos ancêtres lorsqu'ils furent humiliés sous la pression de l'occupation ou de la division.
Les Fruits
Dans le
repas du Séder, la famille Juive a mangé des fruits (charoset) pour goûter la douceur de la
liberté.
Au cours de la Cène, Jésus et ses
disciples auraient mangé des fruits.
En tant que Chrétiens, nous
expérimentons la douceur de la liberté, chaque fois que nous confessons nos
péchés, avant ou pendant la Messe.
Au
cours du repas du Taoditho, nous
mangeons des fruits (Fîré) pour
goûter la douceur de la Foi, de la Liberté, de l"Indépendance et du Salut.
Le Pain
Dans le
repas du Séder, la famille Juive prépare trois morceaux de pain
appelés Matsa. Selon certaines
explications Juives, les trois morceaux de pain représentent les trois Anges
qui ont visité Abraham. Pour les Chrétiens, les trois Anges représentent la
Très Sainte-Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Dans le repas du Séder,
le second morceau de Matsa est rompu
en deux. L'un des deux morceaux est laissé de côté avec les deux autres Matsas et le second morceau est
enveloppé dans une toile ou une serviette, puis mis à part. Après le repas les
enfants cherchent ce morceau et le ramènent à table.
Pour les chrétiens,
Jésus-Christ, la seconde personne de la Trinité, fut brisé sur la Croix (crucifié
et mort), enveloppé dans un linceul et mis au tombeau. Le troisième jour, il
ressuscita.
Au cours de la Cène, après le repas,
Jésus aurait rapporté le second morceau de pain, enveloppé dans la toile et mis
de côté, et aurait dit à ses disciples: "Mangez-en. Ceci est mon
Corps." (Marc 14:22).
Au
cours de la Messe, les prêtres rompent le pain et le consomment, en disant:
" Le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ nous a été donné pour le pardon
de nos péchés et pour la Vie Eternelle." Avant la Communion, les Maronites
disent ou chantent: “Eno Eno lahmo
dhayé emar Moran khoul dokhel
li bhaymonouto nirath hayé,”
ce qui signifie, "Notre Seigneur a dit : Je suis le Pain vivifiant.
Celui qui me mangera en toute Foi héritera la Vie Eternelle".
Dans le
repas du Taoditho, nous avons trois
morceaux de pain (Lahmo). Le premier
morceau est rompu en deux pour nous rappeler Beit Moroun, qui fut détruit pour le salut de la Foi. Le premier morceau
est mangé, tandis-que le second est enveloppé dans une toile ou une serviette et mis de côté. Après le repas,
les Maronites le mangent en action de grâce, se rappelant comment ils furent
nourris au cours de leur histoire du pain de Vie donné par Maron, Beit Moroun, et l'Eglise maronite.
Le Vin
Dans le
repas du Séder, la famille Juive dispose quatre coupes de vin :
La coupe de la Sanctification, la coupe de la
Délivrance, la coupe de la Rédemption, et la coupe de la Consommation.
Au cours de la Cène, le Seigneur
Jésus offre à ses disciples la troisième coupe, celle de la Rédemption, en
disant: "Buvez-en, tous, ceci est mon sang, le sang de la nouvelle
alliance, versé pour vous en rémission des péchés." (Matthieu 26:27-28).
Au
cours de la Messe, le prêtre boit de la coupe, en disant : "Le sang de
notre Seigneur Jésus-Christ nous a été donné pour le pardon de nos péchés et
pour la Vie Eternelle." Avant la Communion, les Maronites disent ou
chantent : “Honaw koso dmazgué Moranne al riche qayso qroub moyouté wechtaw méneh lhousoy hawbé”,
ce qui signifie, "cette coupe est le sang du Rédempteur préparé sur la
Croix. Venez et buvez-en car il pardonne nos péchés et ressuscite les
morts."
Dans le repas maronite du Taoditho, quatre coupes de vin sont utilisées : La coupe de la Fidélité, la coupe de la
Liberté, la coupe de l'Indépendance.
Nous nous souvenons ainsi des martyrs maronites qui ont versé leur sang pour le
salut de la Foi, de la Liberté, et de l'Indépendance. Après le repas, nous
prenons la quatrième et dernière coupe, celle du Salut, pour goûter la joie
du salut.
Le rôle de la femme
Dans le repas maronite du Taoditho, vous allez découvrir l'importance du rôle joué par la
femme. Dans le repas du Séder, la femme allume les
bougies. Dans l'histoire du Salut, Marie, la Femme ou la Nouvelle Eve, en
disant "oui" (par son "fiat"), amène la Lumière
(Jésus-Christ) dans le monde.
Dans le repas maronite
du Taoditho, la femme représente
Marie. Elle allume les bougies : La grande bougie représente Jésus-Christ, la
Lumière du monde. Les trois petites bougies représentent la Foi, l'Espérance et
la Charité des Maronites qui fut attaquées au long de l'histoire. Les trois
grandes bougies représentent la Foi, l'Espérance, et la Charité des Maronites,
qui se fortifient. La femme donne à ses enfants des fruits (Fîré) pour goûter la douceur de la Foi, la Liberté, l'Indépendance et le Salut.
Elle leur donne la Bible pour raffermir leur Foi. Elle leur demande de sentir
la rose qui symbolise l'Eglise; et leur donne des branches d'olivier pour leur
rappeler le message de paix qu'ils doivent porter au monde.
Le plat principal
Dans le
repas maronite du Taoditho, le plat
principal pour le dîner est Hérîssé:
En voici la recette : 4 jarrets d'agneau
2 onces de blés écossés
un gros
oignon
2
bâtonnets de cannelle
3
branches de laurier
Placer
la viande dans une grande casserole et recouvrir d'eau. Porter à ébullition, et
maintenir la vapeur. Ajouter les oignons, les bâtonnets de cannelle et les
branches de laurier. Laisser mijoter pendant une heure et rajouter de l'eau si
nécessaire. Ajouter le blé et laisser mijoter une autre heure jusqu'à ce que le
blé soit très tendre. Ajouter pour finir un très gros oignon, 4 gousses d'ail
sautées et une petite quantité de beurre. Ajouter du sel et toutes les épices pour donner du goût.
Sahtein
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